Solennité du Christ-Roi
L’Eglise du ciel a vécu la radieuse fête de tous ses saints déjà parvenus à la plénitude de la Vision dans l’éternité, tous ceux qui adorent l’Agneau sans péché, immolé et vivant. Mais la création tout entière gémit encore dans les douleurs d’un enfantement, enceinte qu’elle est de ce « ciel nouveau et terre nouvelle » dont parle l’Apocalypse. Et avec elle, c’est la Vierge-Eglise qui crie, à cause de cet enfantement qui dure encore, qui durera jusqu’à la plénitude des temps.
Pourtant, tout commence à s’apaiser dans la maturité de l’année qui a engrangé son fruit de sainteté et s’achemine vers sa fin. Sur le seuil de l’année liturgique nouvelle, voici le moment charnière qui laisse entrevoir dans l’instant présent, instant unique, Celui qui porte sur son épaule la clé de David, clé du passé et clé de l’avenir :
le Messie enfin dévoilé dans la plénitude de sa gloire, « le Christ Roi de l’univers ». Comme jadis lors de la Transfiguration, Jésus montre par anticipation son visage de gloire à son Eglise de la terre pour que celle-ci ne défaille pas au long de tout le chemin qui lui reste à parcourir jusqu'à l’achèvement des temps.
Il lui dévoile son immense compassion : « Parole du Seigneur Dieu : Maintenant j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles se sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles se sont dispersées un jour de brouillard et d’obscurité La brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai, celle qui est blessée, je la soignerai, celle qui est faible, je lui rendrai des forces… » 1ère lecture année A
Il fait le don de Lui-même pour affranchir son épouse mystique de l’esclavage du péché et conduire toute l’humanité vers son achèvement : « On venait de crucifier Jésus… ‘Celui-ci est le roi des juifs’… Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras inaugurer ton règne – Amen, je te le déclare, aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Évangile année C.
Alors, et alors seulement sera dévoilé son mystère de gloire en plénitude : Je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, je suis Celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. 2ème lecture année B.
Mais comme sur le Thabor, cette vision glorieuse n’est que fugitive. La Tente de la Rencontre n’a pas de place définitive dans ce monde. Ce n’est que dans la Jérusalem céleste, qui ne descend pas encore du ciel telle une épouse parée pour son Epoux. Les noces doivent être précédées par un long temps de fiançailles au désert…
Et ce long temps, c’est le nôtre. Le temps de l’Eglise, le temps du monde.